Nathalie Zaltzman et le témoignage concentrationnaire

En se référant à la césure historique représentée par la Shoah, dans un petit et précieux essai du 2005 Nathalie Zaltzman analyse la problématique de la rencontre entre témoignage et écoute en soulignant la faille du Kulturarbeit qui a accompagné l’accueil des survivants. Le gain de conscience et intelligibilité offert par la littérature concentrationnaire a été raté par l’individu et la communauté humaine dans la mesure où ils se sont soustraits à l’œuvre de ‘dé-rangement’ auquel elle les invitait. Dans cette contribution on essaiera de prolonger cette analyse en creusant le rôle, les possibilités et les limites de l’écoute testimonial, dans l’idée que faire face à la dimension aporétique où semble plongée la rencontre entre témoignage et écoute – aporie consubstantielle, mais aujourd’hui accrue par les failles du cadre collectif (Kaës, 1989, 2012) e du ‘témoins garant’ (Chiantaretto, 2004, 2011) – n’est pas seulement un impératif éthique auquel nous sommes appelés en tant qu’individus et communauté, mais aussi une voie pour essayer de sortir de la zone grise de l’écoute (Levi, 1986, Mengaldo, 2007).