Naples. L’urgence perpétuelle

Sans reprendre un stéréotype trop courant, on peut dire que la région Campanie et en particulier la ville de Naples sont l’emblème des problèmes de sécurité urbaine. Ausommet des classements nationaux des délits commis, Naples est traditionnellement considérée comme une ville «peu sûre», comme l’atteste son image littéraire et cinématographique d’une ville consa- crée à l’escroquerie et au vol. Le sentiment d’insécurité a sensiblement empiré ces dernières années. Le domaine de la recherche sur l’insécurité se caractérise par l’existence historique de problèmes complexes liés à la cohabitation de niveaux élevés de criminalité ordinaire et d’un fort contrôle territorial de la criminalité organisée, la camorra,dans un contexte de chômage et de précarité sociale. Dans ce cadre, nous pouvons identifier trois phases profondément différentes de production de politiques relatives au thème de la sécurité urbaine: la première, par la suite définie comme légalité et cadre urbain(1993-2000); la deuxième, sécurité et normes(2000-2003/4), et la dernièreurgence perpétuelle (2003/4-2006). Pour chacune de ces phases, nous identifierons les traits les plus évidents des politiques de sécurité urbaine actives sur ce territoire. Néanmoins, à notre avis, les politiques de sécurité ont eu un impact majeur lorsque qu’elles ont été intégrées à d’autres politiques, lorsqu’elles n’ont pas été présentées comme des «politiques de sécurité urbaine» mais qu’elles sont intervenues dans les inter- stices d’autres politiques qui avaient pour but une vaste relance de la ville et de son image. L’analyse des projets, des initiatives et des financements montre qu’à la prolifération de «politiques de la sécurité», n’a correspondu aucun pro- grès tangible.