L’article entreprend de relire le chapitre XVI de l’Histoire d’un voyage, consacré à la délicate question de la religion des Tupinamba. Cette étude tente de remettre en perspective les propos sévères de Léry en les considérant comme l’un des points de départ d’une discussion théologique et philosophique, qui a eu lieu en Europe au cours de la première modernité afin d’appréhender le mystère des peuples appelés ensuite « primitifs », car considérés comme sans religion et même sans écriture. Ce constat heurte la tradition antique et les principes de la foi chrétienne, en particulier le dogme de la révélation universelle ; et Léry ne peut donc laisser ce paradoxe irrésolu. Mais, de façon inattendue, la condamnation la plus sévère se fait plutôt à l’endroit des athées, qui font courir au vieux continent un péril sans commune mesure avec le stigmate qui entache la figure pourtant plaisante des Tupinamba dont l’ignorance, somme toute, prête moins à conséquence puisqu’ils croient en des mythes qu’il est possible de comprendre à la lumière de la théologie chrétienne, et qu’ils portent même en eux une « semence de religion ».
Les intermittences du religieux chez les peuples amérindiens dans l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil / Carbone, Raffaele. - In: LE VERGER. - ISSN 2261-8449. - 25:(2022), pp. 1-12.
Les intermittences du religieux chez les peuples amérindiens dans l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil
Raffaele Carbone
2022
Abstract
L’article entreprend de relire le chapitre XVI de l’Histoire d’un voyage, consacré à la délicate question de la religion des Tupinamba. Cette étude tente de remettre en perspective les propos sévères de Léry en les considérant comme l’un des points de départ d’une discussion théologique et philosophique, qui a eu lieu en Europe au cours de la première modernité afin d’appréhender le mystère des peuples appelés ensuite « primitifs », car considérés comme sans religion et même sans écriture. Ce constat heurte la tradition antique et les principes de la foi chrétienne, en particulier le dogme de la révélation universelle ; et Léry ne peut donc laisser ce paradoxe irrésolu. Mais, de façon inattendue, la condamnation la plus sévère se fait plutôt à l’endroit des athées, qui font courir au vieux continent un péril sans commune mesure avec le stigmate qui entache la figure pourtant plaisante des Tupinamba dont l’ignorance, somme toute, prête moins à conséquence puisqu’ils croient en des mythes qu’il est possible de comprendre à la lumière de la théologie chrétienne, et qu’ils portent même en eux une « semence de religion ».File | Dimensione | Formato | |
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