Le primat de la représentation, auquel Edmund Husserl serait resté fidèle, du moins selon Paul Ricœur, est radicalement remis en question dans le célèbre essai d’Emmanuel Levinas sur la « Ruine de la représentation » (1959). La structure phénoménologique de l’intentionnalité, dans laquelle « quelque chose apparaît comme quelque chose », confirme la nécessité de « sortir du cercle magique de la représentation ». En effet, c’est précisément par une analyse détaillée de l’«intentionnalité », dans la mesure où celle-ci apparaît comme caractérisée par une Mehrmeinung essentielle, que Levinas met en évidence le dépassement de la représentation, c’est-à-dire l’abandon de la prétention de cette dernière visant à subordonner la pensée à la nécessité objective de la présence. Dans l’horizon de la présence, la nécessité de l’être-ainsi-et-pas-autrement submerge le sens du possible, et l’évidence effective annihile le pouvoir-l’êtreautrement de l’expérience humaine. Grâce à l’analyse de l’intentionnalité et de sa potentialité, il est possible de mettre en évidence le passage d’une philosophie des contraintes nécessaires de l’évidence, liée à la primauté de la représentation, à une philosophie de pouvoir-être-autrement. En effet, la ruine de la représentation est la ruine de l’instant ou de l’éternité de l’évidence, reléguée dans l’actualité de la conscience. En se soustrayant à la nécessité autoréférentielle de l’évidence, la Sinngebung éthique évoquée par Levinas à la fin de son article de 1959 relie l’intentionnalité au sens du possible.

Au-delà du primat de la représentation / Ciaramelli, Fabio. - In: CRITICAL HERMENEUTICS. - ISSN 2533-1825. - 8:(2024), pp. 47-58. [10.13125/CH/6151]

Au-delà du primat de la représentation

Fabio Ciaramelli
2024

Abstract

Le primat de la représentation, auquel Edmund Husserl serait resté fidèle, du moins selon Paul Ricœur, est radicalement remis en question dans le célèbre essai d’Emmanuel Levinas sur la « Ruine de la représentation » (1959). La structure phénoménologique de l’intentionnalité, dans laquelle « quelque chose apparaît comme quelque chose », confirme la nécessité de « sortir du cercle magique de la représentation ». En effet, c’est précisément par une analyse détaillée de l’«intentionnalité », dans la mesure où celle-ci apparaît comme caractérisée par une Mehrmeinung essentielle, que Levinas met en évidence le dépassement de la représentation, c’est-à-dire l’abandon de la prétention de cette dernière visant à subordonner la pensée à la nécessité objective de la présence. Dans l’horizon de la présence, la nécessité de l’être-ainsi-et-pas-autrement submerge le sens du possible, et l’évidence effective annihile le pouvoir-l’êtreautrement de l’expérience humaine. Grâce à l’analyse de l’intentionnalité et de sa potentialité, il est possible de mettre en évidence le passage d’une philosophie des contraintes nécessaires de l’évidence, liée à la primauté de la représentation, à une philosophie de pouvoir-être-autrement. En effet, la ruine de la représentation est la ruine de l’instant ou de l’éternité de l’évidence, reléguée dans l’actualité de la conscience. En se soustrayant à la nécessité autoréférentielle de l’évidence, la Sinngebung éthique évoquée par Levinas à la fin de son article de 1959 relie l’intentionnalité au sens du possible.
2024
Au-delà du primat de la représentation / Ciaramelli, Fabio. - In: CRITICAL HERMENEUTICS. - ISSN 2533-1825. - 8:(2024), pp. 47-58. [10.13125/CH/6151]
File in questo prodotto:
File Dimensione Formato  
Au-delà du primat de la représentation.pdf

accesso aperto

Licenza: Dominio pubblico
Dimensione 189.89 kB
Formato Adobe PDF
189.89 kB Adobe PDF Visualizza/Apri

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11588/958924
Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact