Le consentement dans la relation thérapeutique. Médecine et droit à l’épreuve de l’individualisme libéral

Ivan Illich, dans son étude de 1975 écrivait que dans toute société, la médecine, tout comme le droit et la religion, définit ce qui est normal, juste ou souhaitable . Cette idée possède une remarquable capacité de renvoyer au pouvoir de la médecine de toujours créer la maladie comme un état social, mais il s’agit aussi d’une définition qui ouvre au parcours de la médecine dans la modernité. C’et un parcours qui s’organise suivant un itinéraire qui structure la relation entre le médecin et le patient comme une relation entre rôles. De ce point de vue la lente mais aussi inexorable transformation, dans la modernité, du modèle du medicus gratiosus de la tradition hippocratique en un medicus politicus parsifalien peut être pensé(e) comme rien d’autre que le précipité de la bureaucratisation qui a concerné la profession médicale parmi les professions libérales . À l’intérieur de cet itinéraire la formule du consentement informé se trouve à un niveau où s’entrecroisent les relations entre droit et médecine, relations qui finissent par traduire en droit un modèle de médecine . Toutefois, si l’on déplace l’attention du consentement comme aspiration éthique au parcours de son émersion juridique, on se retrouve face à une formule qui n’est pas seulement l’accueil neutre d’un modèle de science médicale, mais plutôt la représentation aussi bien des potentialités que des apories cachées dans une relation de type co-productive entre droit et science médicale .